Drake : Deux albums par an c’est raisonnable ?
On pèse le pour et le contre de cette décision.
En comptant l’album For All The Dogs qui sera dispo le 22 septembre 2023, Drake a sorti quatre albums en l’espace de deux ans. En moyenne on peut dire que ça en fait un tous les six mois pour cet artiste qui a percé les murs du rap pour devenir un des plus gros artistes populaires de notre génération. Mais en réalité est-ce que sortir autant d’albums dans un aussi court laps de temps est vraiment raisonnable pour un artiste. Et bien prenons l’ancienne star de Degrassi devenu l’un des plus grands artistes de l’histoire pour nous faire une idée du pour et du contre.
Sortir souvent pour être tendance
Le problème quand on prend du temps pour sortir un projet, c’est qu’on a réellement intérêt à créer de la musique qui ne vieillira jamais. Il faut prévoir, être créatif ou être assez profond pour que l’auditeur soit tenu en haleine tout au long du projet, qu’il puisse vivre avec. Et vu qu’on est dans l’ère du streaming il n’y a rien de plus dur. En bref, l’absence doit être justifiée. Sortir souvent peut créer une anxiété en moins pour l’artiste car il peut surfer sur une tendance sans que ça paraisse daté quand il le fera. Ça vieillira peut-être mal, mais sur le moment il peut capitaliser à fond sur un mouvement et profiter de la notoriété ou des streams qu’il lui procurera. C’est ce que Drake a fait à partir de If You’re reading this It’s too late. C’est ce qu’il fait maintenant entre ses multiples feats et bien sûr ses projets qui valsent les sonorités de Toronto qu’il a introduit, de la trap, de l’Afrobeat, de la Dance au moment où la Jersey monte. Il est partout quoi.
Sortir souvent pour être omniprésent
Être partout permet de ne pas être oublié du coup. Drake a toujours su comment exploiter les styles de musiques des autres artistes plus jeunes que lui dans l’industrie depuis 2015. Cela lui permet d’être omniprésent dans les oreilles peu importe la circonstance. Nos chansons préférées de lui dans nos oreilles, dans les clubs… Il est presque omniscient.
Pour les feats c’est son statut et son talent qui le permet mais pour sa musique au final il n’est pas bien différent d’un Curren$y qui sort très souvent des projets. A une différence entre les deux artistes : Spitta reste dans son karaté qu’il maîtrise à la perfection mais du coup il reste niché, Drake saute sur toutes les tendances en les assimilant à sa sauce pour que ça plaise à son audience qui est bien fournie.
Sortir souvent peut brider
Le problème avec les tendances et on le mentionnait juste avant : C’est la capacité à offrir de la musique qui va bien vieillir. L’un des plus grands reproches que Drake reçoit depuis la sortie de Nothing Was The Same c’est qu’à force de suivre les tendances, il n’offre plus de musique qui touche autant. De la qualité en somme. Et pourtant on parle du patron du label OVO Sound qui tend à atteindre l'excellence grâce à sa différence à côté des autres structures,
On ne peut pas nier l’impact de ses morceaux, mais leurs succès critiques ne touchent pas ceux d’un Kendrick Lamar qui certes prend beaucoup TROP de temps, mais qui revient avec des projets qui marquent leur temps en proposant une expérience particulière. Prendre son temps n’est pas forcément gage de qualité, sortir vite n’est pas le signe d’un échec non plus. Mais l’équilibre entre les deux peut permettre d’être plus inspiré dans ses propositions et de créer de l’attente aussi.
Sortir souvent fait perdre l’anticipation
Prendre son temps peut être à double tranchant (Mr Morale & The Big Steppers en est un bon exemple au vu des quelques déçus qu'il a fait) mais l’attente générée peut à lui tout seul être la meilleure des promotions. Certified Lover Boy a pris pratiquement deux ans à sortir. Ça faisait des années que Drake nous avait fait attendre aussi longtemps. Bien sûr on peut compter sur un rollout rempli de beef entre Drake Vs. Ye avant leur réconciliation (de courte durée) pour encore plus faire monter la sauce mais autant de temps sans musique du 6 God c’était intriguant. Allait-il sortir l’album qu’on attendait tous ? Même les plus sceptiques étaient aux aguets. Résultat : succès commercial immense avec plus de 600 000 copies vendues la première semaine.
Bien plus que ceux de ses derniers projets qui sont également des succès commerciaux mais rien d’aussi élevé que CLB. Possiblement dû au fait que leurs sorties soient aussi rapprochées, ce qui les rend moins événementielles. Puis Honestly Nevermind c’est un cas à part aussi au vu des sonorités électroniques qu’il propose. A voir ce que donnera For All The Dogs qui est teasé comme étant un album de haute qualité.
En bref, est-ce raisonnable ? Tour dépend de ce qu’on recherche car dans les deux cas, il faut avoir les épaules pour tenir le cap. Être omniprésent nécessite de tout de même avoir une identité. Prendre son temps demande de l’excellence. Chaque méthode à ses qualités et ses défauts dépendant de comment on souhaite être perçu.