Pourquoi "Good Kid m.A.A.d City" est considéré comme un classique ?
Un statut indéniable ?
Kendrick Lamar choquait le monde entier le 22 octobre 2012 avec un album qui marquera la nouvelle décennie dans le rap. Beaucoup savaient que ce projet serait spécial au vu de la qualité de sa mixtape O.verly dedicated (qui lui a valu une audience avec Dr. Dre) mais surtout grâce à son premier album studio : Section 80. Complex avait suivi le rappeur pendant une semaine avant la sortie de son deuxième projet alors qu'il était encore niché mais ils ont eu le flair : Good Kid m.A.A.d. City est un classique d'une nouvelle ère ! Mais pour quelles raisons ?
Le sens des responsabilités
Ça part d'avant la sortie du projet et de la responsabilité que K.dot s'est donné : Réhabiliter le "vrai" rap, qui devenait plus un faire valoir pour les clubs qu'un moyen d'y mettre son âme, son histoire. Telle était devenu sa mission. Il lançait les hostilités avant la sortie de l'album avec The Heart Pt. 3 où il déclarait que le rap allait mourir le 22 octobre si on ne le soutenait pas.
Des propos forts pour deux raisons : Le rap US qui ne mettait plus autant du storytelling remarquable en avant à travers tout un album et une raison plus personnelle, le fait que son album avait leaké à l'époque. Un cri de désespoir entendu car l'album s'est écoulé à 242 000 copies la première semaine en physique malgré les leaks.
L'importance des intentions
L'album est une véritable virée dans sa vie, un passe droit vers les tréfonds de son âme où on est posé sur un siège tandis que des parties marquantes de sa jeunesse défilent à travers nos oreilles. Une expérience ficelée avec brio où on peut sentir sa rage, son désespoir et la plénitude d'avoir enfin trouvé son chemin vers la paix intérieure avec Real.
La variété des propositions
Pour qu'une telle expérience soit parfaitement retranscrite, le récit se doit d'être bien raconté. Et il faut dire que le maitre de cérémonie qu'est Kendrick Lamar maîtrise les mots comme peu d'artistes peuvent le faire. The Art Of Peer Pressure qui nous embarque dans une aventure nocturne alors qu'il fout le bordel avec ses potes, le gros egotrip qu'est Backseat Freestyle, la manière qu'il a de rapper sous d'autres perspectives dans Sing About Me, l'addiction à l'alcool dans Swimming Pool. Juste brillant.
Les productions
Mais le rap ce n'est pas que du texte, c'est tout un art. Une énergie qui se nourrit de productions pour être parfait et là on est servi. L'ambiance planante de Money Trees, la mélancolie de Sing About Me, la violence de m.A.A.d. City. En plus d'être des compositions marquantes, elles servent un propos. Elles accompagnent les récits de Kendrick pour qu'on puisse suivre ce qui se passe. Comme un film qui valse entre moment fort, de joie et de calme.
Compton avant tout
On en revient à la responsabilité, car il en a une envers Compton : celle de respecter et représenter sa ville en toute circonstance. Et ça devait se faire par l'histoire racontée qui devait refléter sa vie mais aussi celle de n'importe quelle jeune vivant dans la ville.Tout en respectant le son de L.A. Ce qu'il fait avec m.A.A.d. City où on retrouve la légende Mc Eiht. Et bien sur Compton, cette ode qui finit l'album sur une note positive, en compagnie de son mentor Dr. Dre.
Un succès indéniable
En plus d'avoir accompli tout ça, ce qui doit être salué c'est la balance qui a été trouvée sur ce projet. L'accent sur le storytelling et l'art de la rime de K.Dot, qui aurait pu rebuter, devient une force grâce à l'ambiance du projet. Une harmonie remarquable.Tous ces éléments ont permis à GKMC d'être un véritable succès critique (15e meilleur album de la décennie précédente). Niveau chiffre : Il n'a jamais quitté le top 200 Billboard depuis sa sortie. Ce qui n'était jamais arrivé dans le rap avant lui. Son label indépendant Top Dawg qui avait pour stratégie l'authenticité réussit son coup avec succès. La torche du rap westcoast est bien passée.
Le futur
À côté de ça, l'album est 3X disque de platine. Et ironiquement, sa relève qui est Baby Keem, fête son anniversaire le même jour que la sortie de son album. Hâte de vivre la suite des aventures de The Hillibillies, le nom de leur duo depuis la sortie du morceau éponyme.