Taylor Swift a changé la musique à jamais

Alors que le monde s’extasie face aux impressionnant chiffres de ventes d’albums dans le rap comme pour For All The Dogs de Drake (qu’il doit à la hype qu’il a créé autour du projet) ou ceux d’UTOPIA de Travis Scott et ses quasi 500 000 copies vendues en première semaine, un monstre des stats se tapit en dehors de la sphère rap : Taylor Swift. Habituée du million de ventes en premières semaines pour ses projets, elle reproduit cet exploit avec une version intégralement ré-enregistré de son album 1989 [Taylor’s Version] qui s’est écoulé à plus d'1 million d’exemplaires LA PREMIÈRE SEMAINE ! Pour un album qui est déjà sorti par le passé ! Un exploit qui questionne les labels sur cette pratique qui pourtant existe depuis longtemps.

En quoi consiste un ré-enregistrement

C’est le fait de ré-enregistrer des morceaux de son catalogue pour deux raisons : La première, donner un nouveau souffle en profitant de la technologie actuelle. La seconde, permettre aux artistes de recevoir les recettes de la nouvelle version de leurs morceaux sans que les revenus de ces derniers passent par le label qui ont les pistes originales.

Par exemple dans le hip-hop/R&B : TLC a négocié avec le label Sony la possibilité de ré-enregistrer leurs tubes No Scrubs et Waterfall pour recevoir directement de l’argent dessus quand les morceaux passent à la télé ou autre. On peut faire la même chose sur des albums complets mais jusqu’à présent c’était un peu du cas par cas vu que les labels sont toujours ceux qui gagnent à la fin.

Contexte du cas Taylor Swift

La chanteuse était sous la houlette du label Big Machine Label Group avant de les quitter pour rejoindre Universal Music. C’est la-bas qu’elle enregistre les 6 premiers albums de sa carrière avec pour but de racheter ses masters dès qu'elle le pourrait. Malheureusement pour elle, ce plaisir lui sera retiré par Scooter Braun, le manager/producteur et pro du marketing qui a travaillé avec Kanye West, Usher, Ludacris, Ariana Grande, Doja Cat, Les Black Eyed Peas… Il découvre même Justin Bieber à ses 14 ans, son coup de maître.

Pourquoi nous direz-vous ? Parce que le manager à succès a racheté le label Big Machine Label Group et par la même occasion l’intégralité du catalogue de Taylor Swift. Gros problème pour la chanteuse qui est en très mauvais termes avec Braun. Il refuse de lui rendre ses masters et pour couronner le tout il décide de les vendre intégralement pour 300 millions de dollars à un fond d’investissement. Impossible pour l’interprète de Shake It Off de récupérer les droits sur ses musiques à partir de là, elle décidera donc de ré-enregistrer ses 6 albums intégralement pour avoir sa version à elle au moins.

Un game changer

Comme on l’a déclaré auparavant, ré-enregistrer des morceaux c’est commun pour différentes raisons dans la musique. L’artiste peut proposer les nouvelles versions de ses projets au monde entier et en récupérer les droits. Ça permet de sauver les meubles, d’avoir un revenu passif… Mais sortir un album ré-enregistré n’a pas pour but de se vendre massivement vu qu’il est déjà sorti par le passé. C’est vraiment un objet pour les fans hardcore qui proposera peut-être un morceau inédit ici et là pour justifier ce nouvel achat.

Là où le cas de Taylor Swift change tout c’est pour la sortie de son album 1989 [Taylor’s Version] où on retrouve notamment l’auteur du classique Good Kid m.A.A.d. City Kendrick Lamar sur Bad Blood. Comme cité en début d’article, le projet s’écoule à plus de 1 million d’exemplaires en première semaine, ce qui est IMMENSE dans l’ère du streaming, en général et surtout pour un album qui est déjà sorti il y a 9 ans !

Génial pour elle, pour ses fans qui l’ont soutenu en achetant du physique mais les labels ne le voit pas du même œil. Les albums ré-enregistré n’ont jamais eu de tels succès mais au vu de l’engouement des fans de la chanteuse, les maisons de disque ont décidé d’être beaucoup moins laxistes sur ces cas de figure pour ne pas rendre obsolète les versions qu’ils ont des albums de leurs anciens artistes.

Selon Billboard, Les ré-enregistrements des projets passeront à minimum 10 ans après la sortie du projet initial. Ils pourront même être fixés à 20 voire 30 ans plus tard afin de ne pas se retrouver dans une situation comme celle de Taylor Swift. Sachant que les contrats avec les labels ont leur lot de coups fourrés, ce sera une manière en moins de contourner des pratiques malsaines à l’avenir.